Selon l’Insee, sur les 10 dernières années, le prix TTC de l’électricité a augmenté de plus de 50 %. Début 2022, la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) a annonçé une augmentation sans précédent de l’énergie de plus de 44%, en raison des hausses de coûts de production. Les mesures gouvernementales ont limité cette hausse des tarifs d’électricité à 4%. Mais c'était sans compter sur le conflit russo-ukrainien qui impacte lourdement l’approvisionnement et la CRE vient d'annoncer une nouvelle augmentation de 3,89% au 1er août 2022.
Voici un petit guide pour vous aider à mieux comprendre les évolutions du prix de l’électricité et comment éviter de payer trop cher.
Évolution des prix de l'électricité
Les prix de l'électricité varient pour différentes raisons. Ces variations, le plus souvent à la hausse, ont été particulièrement marquées au cours des dix dernières années en France.
Une hausse constante et régulière depuis 10 ans
Longtemps très inférieur aux prix de nos voisins européens, le tarif de l’électricité en France s’est peu à peu aligné sur celui des autres pays. Sur les dix dernières années, on constate une hausse moyenne de 2 à 3 % par an. Les raisons de cette inflation sont multiples. Tout d'abord, le parc nucléaire français a vieilli. Des travaux d'entretien et de sécurité très coûteux mais nécessaires ont été réalisés, même si les autorités visent une diminution de la part du nucléaire dans le mix électrique national pour les années à venir.
Face au changement climatique, l’objectif d'ici 2050 étant la neutralité carbone, il est indispensable de développer les énergies renouvelables. Leur financement explique une partie de la hausse des prix de l'électricité au cours des dix dernières années.
Les dernières causes de l’inflation des tarifs de l’électricité réside dans la nécéssité d’améliorer, d'optimiser et de développer le réseau de transport de l’électricité mais aussi de soutenir les fournisseurs alternatifs en leur permettant notamment d'acheter, à un prix fixe de 42 euros le mégawattheure, de l'électricité nucléaire produite par EDF, le fameux ARENH (Accès Régulé à l'Electricité Nucléaire Historique).
Evolution des prix de l'électricité
Depuis août 2006, le prix de l’électricité a augmenté chaque année sauf lors de deux exceptions, en août 2016 et en août 2018 où il a y eu un repli de 0,5 %. On note une augmentation record de 5,9% HT (7,70 % TTC) en juin 2019. Au total, les augmentations cumulées du tarif réglementé de l’électricité depuis 2006 avoisine les 50 %, hors-taxes.
De nouvelles augmentations en 2022
Pour ce qui est des tarifs établis sur le marché de l'électricité, il est complexe de se prononcer. Le marché est libre et de nombreux facteurs peuvent impliquer les variations du prix du kWh. Pour autant, en Europe, ce prix est indexé sur celui du gaz ; d'où les très fortes augmentations enregistrées depuis 2021. Ces augmentations sont en grande partie liées au redémarrage de l'économie impliquant de grands besoins énergétiques. Les prix du pétrole et du gaz ont-ils atteint un pic ou sont-ils susceptibles de monter encore ? Pour de nombreux spécialistes, l’inflation devait se stabiliser mais la guerre en Ukraine a rebattu les cartes. La dépendance de la France en gaz russe, même si elle est faible (à hauteur de 17%) et la faiblesse actuelle de la production nationale (maintenance des centrales nucléaires et problèmes de sécurité sur certains réacteurs) entrainent la hausse du prix de l’électricité.
Mais qu'en est-il des tarifs réglementés ? La CRE revoit les prix de l'électricité deux fois par an. Par exemple, en 2021, les tarifs ont affiché +1,93 % en janvier et +0,48 % en août. Sur l’année 2022, les tarifs règlementés ont déjà observé une forte augmentation en février mais elle a été limitée à 4% par les pouvoir public grâce au bouclier tarifaire, puis une nouvelle le 1er août avec 3,89%.
Les clients qui ont souscrit un contrat à tarif réglementé n’ont donc pas d'évolution des coûts à envisager en dehors des deux révisions annuelles.
Quelles prévisions pour les quinze prochaines années ?
Les avis sont unanimes : le prix de l'électricité va fortement augmenter au cours des prochaines années dans le monde entier. Dans quelle proportion ? Les opinions varient, de + 50 jusqu’à + 100 % !
Tout d’abord, les causes expliquant la hausse du prix en France jusqu’à maintenant resteront d’actualité. C'est en particulier le cas pour les importants travaux que le parc nucléaire nécessite. Ainsi, le grand carénage doit permettre de prolonger la durée d'exploitation des centrales de 40 à 60 ans. Ce vaste chantier a été estimé à 49,4 milliards d’euros par EDF en octobre 2020.
De même, le passage des énergies fossiles aux énergies décarbonées va engendrer des coûts considérables. Comment, par exemple, remplacer les véhicules thermiques par des électriques sans investir massivement dans le réseau électrique ? Autant de dépenses qui, d'une manière ou d'une autre, se répercuteront sur les consommateurs (coûts et taxes).
Comprendre comment le prix de l'électricité est fixé en France
2007 : la libéralisation du marché de l’électricité
Jusqu’en 2007, EDF était l’unique fournisseur d’électricité en France. Les tarifs de ses offres étaient réglementés par les pouvoir publics. La libéralisation du marché de l'énergie en janvier 2007 et l’ouverture à la concurrence ont fait émerger de nouveaux fournisseurs appelés « fournisseurs alternatifs ». Comme pour n'importe quel marché, celui de l'électricité repose sur le principe de l'offre et de la demande. De ce fait, les fournisseurs alternatifs fixent eux-mêmes librement leurs tarifs. En ce qui concerne EDF, le système n’a pas changé : il propose toujours les tarifs réglementés par l’Etat. Néanmoins, EDF peut également proposer des offres de marché. Ce nouveau modèle a logiquement impliqué la diversification des offres commerciales proposées aux consommateurs.
L’ARENH
Pour s'approvisionner, les fournisseurs alternatifs bénéficient de l'ARENH, c'est-à-dire l'Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique. Ce dispositif leur permet de se fournir en électricité via le parc nucléaire d'EDF selon un volume et un tarif réglementé. Ces tarifs sont proposés par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), puis validés par l'État.
Avant la libéralisation du marché, EDF avait le monopole de la production d’électricité. C’est encore aujourd’hui le cas pour la production nucléaire. Le dispositif de l’ARENH a donc été mis en place dans le but d’équilibrer et développer la concurrence sur le marché de l’électricité.
Mais que trouve-t-on dans une facture d'électricité ?
La facture d’électricité est schématiquement répartis en quatre parties : les coûts commerciaux, d'approvisionnement, d'acheminement et les taxes.
Les taxes et contributions
Après les coûts d'approvisionnement et d'acheminement viennent les taxes. Celles-ci comptent pour 36 % de la facture client.
En premier lieu, il y a la TVA qui s'applique au montant de l'abonnement (au taux de 5,5 %) et à la consommation (à 20 %). La TVA à 20% est appliquée à la somme totale obtenue après déduction des différents coûts et taxes.
Il existe également la Contribution Tarifaire d’Acheminement (CTA), qui représente environ 2,4 % de la facture. Cette taxe dépend du contrat, de la puissance souscrite et du lieu de résidence. Elle a été instaurée en 2004 par arrêté ministériel. Son montant est proportionnel au prix d’acheminement de l’énergie et elle sert à financer l’assurance retraite du personnel des industries gazières et électriques.
Quant à la CSPE (Contribution au Service Public de l’Electricité) ou TICFE (Taxe Intérieur de la Consommation Finale), elle est perçue par les douanes. Habituellement au prix de 22,5€/MWh, son coût est limité pour pallier à la hausse des prix de l’énergie. Depuis le 1er février 2022, la taxe est abaissée à 1€/MWh jusqu’au 31 janvier 2023.
Les coûts commerciaux
Enfin, les coûts commerciaux permettent à votre fournisseur de proposer ses services : outre leur marge, ils incluent également les dépenses liées à la facturation et la publicité, mais aussi les salaires . Ces coûts représentent environ 10 % de la facture au total. Pour mieux comprendre sa facture d’électricité et voir à quoi cela correspond, consultez notre infographie.
Parmi les coûts de votre opérateur se trouvent également ceux liés à l’approvisionnement et à l'acheminement de l’électricité.
Les coûts d'approvisionnement et d'acheminement
Les fournisseurs ne sont pas toujours producteurs. Ils doivent donc acheter de l‘électricité afin de pouvoir la revendre à leurs clients.
Il s'agit d'abord des coûts de production pour certains fournisseurs (EDF, Engie,...) ou de l'achat de l'électricité pour d'autres. Cet approvisionnement représente environ un quart (26 %) de la facture.
Un peu moins du tiers (28 %) de cette facture est ensuite consacré à l'acheminement de l'électricité. Le Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité (TURPE) couvre les coûts d’exploitation, de maintenance et de développement du réseau électrique. Le TURPE permet de rémunérer le gestionnaire du réseau de transport d'électricité (RTE), Enedis et les Entreprises Locales de Distribution (ELD).
Augmentation des tarifs : comment trouver le fournisseur et l’offre d’électricité les moins chers
Quels sont les prix du kWh électrique en 2022 ?
Depuis l’ouverture du marché en 2007, les consommateurs ont le choix entre deux offres. La première, le tarif réglementé, est fixé par l'État, sur proposition de la CRE. Il est réservé aux opérateurs historiques, EDF et Engie, ex GDF. Depuis février 2022, le prix réglementé de base du kWh est de 17,40 centimes d’euros TTC (en option Base). En option heures pleines / heures creuses, les tarifs du kWh sont variables en fonction de la puissance souscrite. Par exemple pour une puissance de 9 kVA, le kWh en heures pleines coute 0,1841€ et 0,147€ en heures creuses. C'est à partir de ce tarif que les différents fournisseurs élaborent leurs propres offres comemrciales auprès de leurs clients.
En marge de ces offres de marché ou régulée, il existe des "offres à tarification dynamique" où le prix du kWh varie toutes les heures, en fonction de l'offre et de la demande. Le tarif est donc très élevé pendant les heures de forte consommation, très bas pendant les heures creuses. Pour illustrer, le prix du kWh le 26 octobre 2021, de 19 à 20 h 00 était de 26,32 centimes ; puis a été enregistré à 13,49 centimes le même jour, de 3 h 00 à 4h00. Ces offres sont rares et présentent des risques et sera à réservé aux consommateurs avertis.
Les différents contrats et offres d'abonnement d'électricité
Quels sont les différents tarifs EDF ?
La très grande majorité des consommateurs résidentiels (70 %) sont restés fidèles à EDF et ont choisit le tarif réglementé appelé également "Tarif Bleu”. Le prix du kWh dans cette offre ne sont revus que deux fois par an au maximum.
Quelles sont les offres des fournisseurs alternatifs ?
Pour autant, les fournisseurs alternatifs n’impactent pas toujours à leurs clients les fortes variations de prix. Ils proposent des offres à tarif fixe et des offres à tarif indexé. Dans le premier cas, le fournisseur s’engage à maintenir le même tarif sur toute la durée du contrat. Dans le second cas, il applique un pourcentage de réduction par rapport aux tarifs réglementés. Ainsi, le prix du kWh évolue donc de la même manière mais reste toujours inférieur.
Comparateur de prix de l'électricité : l'outil pour trouver la bonne offre
Le médiateur national de l'énergie met un comparateur de tarifs à disposition des consommateurs. Cela leur permet d’obtenir une estimation budgétaire des offres de chaque fournisseur du marché. Ce classement est basé sur les informations du consommateur (code postal de résidence, type et puissance du compteur, montant facture, etc). Il peut également avoir accès à d’autres informations comme le pourcentage d'électricité verte pour chaque offre.
Un moyen pratique et efficace pour trouver l’offre la plus adaptée au meilleur prix et de réaliser des économies.