En plein essor, les offres d’électricité verte représentent aujourd'hui plus de 60% des contrats proposés à la vente sur le marché français. Dans le même temps, et paradoxalement, près de 70% de l’électricité produite en France est encore issue de la filière nucléaire.
Alors, comment ces chiffres peuvent-ils coïncider ? Concrètement, qu’entend-on par « électricité verte » ? Quelles sont les sources d’énergies renouvelables utilisées pour produire de l’électricité verte ? Les offres d’énergie verte sont-elles vraiment respectueuses de l’environnement ?
Qu’est-ce que l’électricité verte ?
On appelle « électricité verte » l’électricité d’origine renouvelable. C’est-à-dire, l’électricité produite à partir de sources d’énergies renouvelables (EnR).
En cela, elle s’oppose à l’électricité grise qui, elle, est produite :
- via l’énergie nucléaire, par la combustion d’atomes fissiles, comme l’uranium ;
- avec des énergies fossiles, grâce à la combustion d’hydrocarbures tels que le charbon, le pétrole, le gaz naturel, etc.
Comme son nom l’indique, l’électricité verte est considérée comme écologique. En effet, sa production rejette peu de CO2, principal gaz responsable du réchauffement climatique.
En 2019, selon RTE, le gestionnaire du réseau électrique, l’énergie verte représentait 21,5% du mix énergétique de la production en France. À titre de comparaison, la part du nucléaire était de 70,6%.
Quelles sont les sources de production d'électricité verte ?
Les énergies renouvelables sont la deuxième source de production d’électricité dans l’Hexagone. Selon la définition de l’Insee, « les énergies renouvelables incluent l'énergie d'origine solaire, éolienne, hydraulique, géothermique, ainsi que le bois de chauffage, les résidus de récolte, les biogaz, les biocarburants, les déchets urbains ou industriels et les pompes à chaleur. »
En France, la production d’électricité verte passe avant tout par l’hydraulique (11% de la production nationale d’électricité) et l’éolien (9%).
Enfin, le photovoltaïque avec seulement 4% de la production apparaît donc comme à la traîne. Pourtant, il pourrait se développer fortement dans les années à venir.
En effet, pour faire baisser leurs factures d’énergie, de plus en plus de particuliers souhaitent produire eux-mêmes leur électricité. Pour eux, le plus simple reste d’installer des panneaux solaires et de fonctionner en autoconsommation.
Favoriser les énergies renouvelables : un acte écologique
D’ici 2030, l’Union européenne s’est engagée à diminuer de 40% ses émissions de CO2 par rapport au niveau de 1990. On le sait : les énergies vertes rejettent peu de gaz à effet de serre et sont de fait peu polluantes.
Ainsi, selon l’Ademe, 1 kWh produit à partir de charbon émet 1060 grammes de CO2 alors que l’éolien émet seulement 7 gCO2 / kWh.
De son côté, l’hydraulique rejette 6 gCO2/kWh, tout comme le nucléaire.
Au vu de ces chiffres, pour atteindre les objectifs ambitieux en matière de lutte contre le réchauffement climatique, deux stratégies s’offrent aux gouvernements européens : investir dans l’atome ou dans les énergies renouvelables.
Construites dans les années 1970, les centrales nucléaires permettent à la France de bénéficier d’une énergie presque « décarbonée ». Le problème, c’est qu’elles génèrent bon nombre de déchets radioactifs dangereux et coûteux à retraiter.
C’est pourquoi, il est difficile de considérer le nucléaire comme une énergie « propre ». Outre la gestion des déchets et les enjeux de sécurité, la production d’électricité nucléaire ainsi que la maintenance du parc coûtent de plus en plus cher. En effet, d’après la banque Lazard, en 2018, produire 1 MWh d’électricité nucléaire sans subvention revient en moyenne à 155$ alors que l’éolien, par exemple, coûte 41$ le MWh.
De ce fait, on privilégie les énergies renouvelables pour la transition écologique. Elles répondent à un triple enjeu, en assurant :
- une électricité bas-carbone,
- un minimum de déchets dangereux pour les générations futures et l’environnement,
- au final, une énergie plus économique pour la collectivité.
C’est la raison pour laquelle, la France et les autres États-Membres se sont fixés comme objectif de porter à 32% la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie à horizon 2030.
Un mix énergétique 100% renouvelable : c'est possible ?
Pourquoi n’envisage-t-on pas un mix composé de 100% d'énergies renouvelables ?
Économiquement et pour la planète, ce serait l’idéal.
Mais, pour l’instant, c’est techniquement impossible. Contrairement au gaz naturel, l’électricité ne se stocke pas ou très mal.
Or, les énergies vertes ont un gros défaut : elles ne fonctionnent que de manière intermittente. Il est difficile d’en prévoir très précisément la production. Sans soleil, une centrale photovoltaïque ne peut pas produire. Sans vent, les éoliennes ne tournent pas. En conséquence, si notre production ne reposait que les énergies renouvelables, nous risquerions régulièrement de manquer d'électricité.
Toutefois, le stockage pourrait se développer à grande échelle dans les années à venir. Enfin, certains acteurs, tel que l’Ademe, ont fait savoir que la France pourrait atteindre un mix électrique totalement renouvelable en 2050.
Mon offre d’électricité verte, l’est-elle vraiment ?
Avec la multiplication des offres d’électricité verte, il était nécessaire de donner certains gages de transparence aux consommateurs. C’est pourquoi, les autorités ont mis en place un système de certification de l’électricité verte : les garanties d’origine (GO).
La définition d'une Garantie d'origine par l’Ademe est très claire. Il s'agit « d'un document électronique qui existe dans tous les pays de l’Union Européenne permettant au consommateur d’avoir la garantie de la production d’électricité issue d’énergies renouvelables ».
Ces certificats attestent que pour chaque kWh d’électricité verte consommé par un particulier ou une entreprise, un kWh d’électricité verte a été injecté sur le réseau. Ce mécanisme de traçabilité de l’électricité d’origine renouvelable est valable dans toute l’Union Européenne.
De nombreuses ONG environnementales estiment cependant que les garanties d’origine ne sont ni plus ni moins que du « greenwashing ». En bref, une stratégie marketing sans conviction écologique.
En effet, certains fournisseurs d’énergie achètent d'un côté de l’électricité nucléaire ou fossile et d'un autre côté, des garanties d’origine. Ils peuvent se procurer ces dernières auprès d'installations EnR situées en France ou dans l'Union Européenne. En combinant les deux, ils proposent une offre "verte" et affichent des certificats verts.
D’un point de vue légal, ces offres sont parfaitement valables. La seule obligation légale d’un fournisseur « vert » est d’acheter une quantité de garanties d'origine égale à la consommation de ses clients.
Mais alors, comment faire pour départager les offres entre elles ? Afin de guider les consommateurs dans leur choix, l’Ademe distingue aujourd’hui deux types d’offres vertes :
- Les offres « standard » : le fournisseur s’approvisionne en électricité grise sur les marchés et achète séparément une garantie d'origine.
- Les offres « premium » : le fournisseur achète l’électricité et la garantie d’origine associée à un seul et même producteur d’électricité renouvelable. Avec ce type d'offre, le consommateur est certain que l'électricité qu'il achète est bien 100% d'origine renouvelable et participe au développement de petites unités de production locales.
En conclusion, souscrire une offre d’électricité verte s'inscrit dans une véritable démarche de développement durable. Cela permet de financer la transition énergétique, tout en minimisant la dépendance de la France à l’atome et aux énergies fossiles.
Cependant, il convient d’être vigilant quant au choix de son fournisseur d’énergie et s’assurer qu’il propose une offre réellement verte, issue de production renouvelable.